La danse de la naissance est un espace infini
Nous ne pouvons faire naître un enfant, nous ne pouvons l’aider, lui montrer, le guider ou l’épauler vraiment.
La naissance est une danse qui démarre, une danse d’abondance et de joie. Un tourbillon tamponneur qui peut avoir la joie et l’excitation des fêtes foraines et pousse tout le monde à se redéfinir, se repositionner en fonction d’un autre paradigme qui s’annonce en fanfare.
Une fanfare, qui peut être aussi recueillie, silencieuse et sacrée.
Mais nous pouvons lui donner de la présence. ÊTRE proche de l’enfant. Être en contact avec lui.
Nous pouvons l’inviter à faire sa traversée en conscience. L’inviter à faire comme les yaks qui se dirigent vers la tempête, car ils savent qu’ainsi ils la traversent.
Lui parler (nous parler), de l’acceptation de ce qui est. L’acceptation du changement.
C’est lorsque le bébé a atteint le maximum de sa taille intra utérine qu’il est prêt à devenir, à nouveau, tout petit. C’est très émouvant l’acceptation de ce passage, ce contraste entre une pleine maturité et la grande vulnérabilité qui s’ensuit.
Et cela donne du cœur à l’ouvrage de savoir que cette fragilité sera traitée avec respect est amour, de savoir aussi que la maturité précédente est connue, reconnue…
Tant de doutes peuvent s’envoler lorsque l’on se relie à l’idée que les enfants sont avant tout les fruits de l’univers et de leur propre univers intérieur.
Il n’y a rien à atteindre, rien à manipuler, désirer ou changer.
Il suffit de se mettre à l’écoute du rythme qui bat au centre de l’être et de se mettre au diapason de cette passion là.
Cette étreinte des corps est un espace archaïque fougueux et impatient qui pousse tous les « intellects » présents dans leur derniers retranchements.
Et c’est la magie, le mystère, de ce passage: il est vrai. Il ne se laisse pas manipuler, organiser, mettre en scène.
Il dévoile sa beauté au cœur de la nuit intérieure et à l’abri des regards.
Hors de tous plans, quand tout bascule, s’ouvre parfois un espace d’écoute profonde, et quand cela se fait, dans cette acceptation de ce qui est, et de ce que je suis, peut naître un profond instinct de nos vrais besoins et de la façon de les synchroniser au mieux pour que la danse soit joyeuse et monte en extase.
Il est possible que ce passage de l’un au deux, ce passage improgrammable, nous prépare à la suite.
Il est possible que cette 1ère danse, cette 1ère difficulté à assumer à deux, contienne déjà en germe un avant goût de ce qui se jouera entre la mère et l’enfant par la suite. Plus tard, cela pourrait avoir tendance à devenir ma volonté contre la tienne. Mais dans ce 1er instant, il y a une mise en harmonie totale. Ce ne peut être la volonté de l’un ou de l’autre. C’est la vie qui est plus forte, et à l’aide de son scénario mène le jeu.
Alors oui, accepter cet embrasement en conscience est une clé.
Mais rester en contact à tout prix. La danse se joue à deux : mère et enfant. Cette première rencontre en corps à corps a tant besoin de présence. Chacun des deux a tant besoin de l’autre.
Et pour moi c’est une clé essentielle : créer, développer et nourrir ce contact, sans trêve.
Ce dépassement de soi, c’est l’essence d’une mère. Et donner la vie, cela nous élève plus proche du divin en nous (ou de la « divine »)… Donner-recevoir-accueillir la vie nous rend mère et fille en même tant et d’une certaine faςon, ce surcroit de présence, cette échappée hors d’un « faire » conscient, nous permet d’ÊTRE et dans l’élan de ce mystère, dans le lâcher prise qu’il nous demande, nous trouvons la force de laisser arriver ce qui est déjà. Nous nous laissons être et le laissons être, naître.
C’est un accomplissement, toujours, quel que soit le scénario…
Oui, il s’agit d’une initiation. Une initiation vivante et sauvage. Et comme elle belle, lorsqu’elle se fait. La douleur peut alors s’effacer sur la pointe des pieds: il n’y a que la plénitude de ce « coup de foudre » imprévu qui prend toute la place. Et l’immense gratitude d’avoir touché un instant un espace si proche du cœur de la vie et baigné intensément dans la lumière d’un amour naissant.
julie breukel michel
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