Nous sommes belles. Nous sommes superbes dans nos transformations et nos changements. Parfois, nous nous perdons un peu, mais quelle chance se cache au creux de ce corps de femme qui change et évolue sans cesse. Un corps dit peut être, ce que nous tentons de ne pas voir. Je me souviens de ma première grossesse et de cette joie inconnue, si profonde qui surgissait du fond de moi pour me remplir et me remplir… Cela faisait craquer mes jointures et mes limites, cela me sortait du monde ordinaire pour me diriger tout droit dans un espace inconnu et nouveau, où bien de mes certitudes se sont déposées tranquillement à mes pieds. Je me retrouvais au centre d’un espace vierge, source d’inventions de tant de possibles. Dans mes rêves, je m’étais vue gonfler comme un ballon, prendre de l’ampleur et dans ma joie… prendre mon envol pour flotter légèrment au dessus de la terrasse de ce café où je retrouvais mes amies. Et voilà, que mon corps à son tour se prenait pour une mongolfière. Je n’ai pas seulement grandi intérieurement, mais mesurais bien deux centimètres de plus en fin de grossesse… Quand elle est née, cette plénitude légère est tombée. Je me suis perdue en route dans une naissance qui ne correspondait pas à mes attentes (aujourd’hui, je sais que c’est juste, que la naissance ne fait pas partie des mises en scène que nous contrôlons, mais de ces instants de vraie vie imprévisibles et si importants). Je me suis perdue donc dans une extériorité qui me faisait regarder ce corps avec effroi. Je ne m’y reconnaissais plus! Et pourtant, avec patience, il racontait ce qu’il vivait et matérialisait le fruit de ses réflexions malgré l’imcompréhension de mon regard ennuyé.
Heureusement, plus persévérant que moi, il a poursuivi lentement ses mutations pour toujours et encore m’étonner et me guider sur un autre chemin que celui qui je croyais prendre.
Au cours des grossesses, j’ai appris à apprivoiser ce changement et à me connaître différement. J’ai appris surtout, que cela passe… et que la joie n’est pas assujettie à l’image. Certaines mutations sont irréversibles. Les cicatrices dessinent sur ma peau des aventures que j’aurais préféré envoyer aux oubliettes de ma mémoire. Ce qui se révélait d’ailleurs presque possible, car la ligne de naissance se cachait bien à l’abri de mon nombril et hors de ma vue. Mais finalement, au détour d’un mouvement, elle finissait par émerger. Et lentement, j’ai pu la digérer. Il m’a fallu du temps pour reconnaître mon propre ventre. J’ai retrouvé le fil, en retrouvant cette sensation de reconnexion intérieure de mon énergie qui me permettait de ressentir à nouveau la force qui me venait du sol et les explications de mon fils sur son vécu de naissance. Cela n’a rien à voir avec le regard…. Entretemps, j’aime ce signe exotique de mon corps qui me fait voyager sans partir, en me rapprochant des kangourous. Cela me réjouit de savoir que je suis une maman avec 2 « portes à bébés » et que même une césarienne d’urgence inutile a une fonction et sa raison d’être, mais ceci est une autre histoire… Je crois que le respect et la gratitude sont possible pour notre corps qui enfante comme pour la Terre qui nous porte et que jamais la Terre n’a honte d’être moins colorée ou fleurie sous le blanc manteau de l’hiver. Il nous est possible de célébrer la beauté, la beauté de tous ces changements et de toutes ces transformations fécondes. Aujourd’hui, je suis enchantée par le travail de Jade Beall qui me semble si bien parler de cette chance et de la beauté qui s’y trouve! La beauté se pratique. Nous pouvons nous sentir merveilleuses. Nous avons le pouvoir de nos mots. Le pouvoir de choisir ceux qui définissent la réalité qui nous inspire, en un acte de création infini. Nous pouvons exprimer ce qui stimulera la beauté en nous et tout autour de nous… Words To Read When You Need Some Self-Love
Qui est Jade Beall?
julie breukel michel
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